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PARDEM : Ubérisation des producteurs agricoles

Ubérisation des producteurs agricoles
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Article publié sur le site du PARDEM le 02/02/2024

La FNSEA a gagné, mais pas tous les agriculteurs, pas les paysans, pas l’environnement, pas les consommateurs !

Après plus d’une semaine de blocages en France, dans la foulée de la mobilisation débutée à l’automne dernier, la FNSEA et le gouvernement sifflent ensemble la fin de la partie. Ils ont négocié un accord qui conforte le modèle agricole dominant, celui qui montre chaque jour un peu plus sa nocivité et son échec pour nourrir correctement la population. Rien n’est réglé et la « juste colère » de nombreux agriculteurs et paysans perdure. Rien n’est fait pour améliorer durablement leurs revenus, pour les protéger d’une concurrence induite par le « marché unique européen » et les traités de libre-échange. Pouvait-il en être autrement puisque c’est l’Union européenne qui a la haute main sur l’agriculture ?

Le gouvernement a-t-il cédé dans l’urgence aux « syndicats majoritaires » de la profession agricole ou avait-il négocié à l’avance avec la FNSEA ? Toujours est-il que les demandes réelles des agriculteurs et les problèmes structurels restent entiers.
Le maintien du dégrèvement de taxe sur le GNR, les 150 millions d’aide aux éleveurs, les mesures pour relever les seuils d’exonération pour les transmissions, apporteront une petite réponse de court terme non négligeable pour les agriculteurs. La lutte contre la concurrence déloyale, le renforcement des lois Egalim – qui ont prouvé leur inefficacité -, le contrôle sur l’origine des produits, l’inscription dans la loi de la souveraineté alimentaire – sans qu’on sache bien de quoi il retourne – relèvent du vœu pieux sans une remise en cause réelle du système dans lequel les agriculteurs sont englués. Quant à l’assouplissement des règles imposant aux agriculteurs de maintenir des surfaces en prairies et la mise en pause du plan Ecophyto – qui tente sans succès depuis 2008 de diminuer l’emploi des produits chimiques phytosanitaires – et bien sûr la sacro-sainte simplification sont, elles, un mauvais signal. La volonté du gouvernement d’assurer une alimentation saine à la population en engageant une transition vers une agriculture qui respecte les sols et la biodiversité est une illusion. On pouvait s’en douter, on en a désormais la preuve.

Gouvernement et FNSEA sont d’accord (1) pour ne pas remettre en cause les bases du modèle agricole dominant. Pour la porte-parole de la Confédération paysanne, « L’objectif principal de la FNSEA, c’est de maintenir les volumes de production, pas de maintenir les agriculteurs dans les fermes. Autrement dit : la baisse du nombre d’agriculteurs dans les fermes devient un facteur de compétitivité. »

Pris à la gorge, ils s’asphyxient

Les agriculteurs, comme les pêcheurs, sont devenus, à l’instar des salariés, des variables d’ajustement de la mondialisation néolibérale,.
Pris entre le marteau des fournisseurs d’intrants – dont leurs coopératives -, des fabricants de machines agricoles, du Crédit agricole, et l’enclume de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution, les agriculteurs sont ubérisés ; autrefois synonyme de liberté, d’autonomie, le métier d’agriculteur est devenu un métier de tâcheron, d’exécutant au service des multinationales de l’agro-business. Sous prétexte de modernisation, on leur impose des équipements de plus en plus sophistiqués, connectés ; il entre de plein pied dans la « société du numérique » et le monde merveilleux de l’intelligence artificielle. Mais ces équipements coûtent cher, ils imposent de produire plus, moins bien et participent à la paupérisation et à la dégradation des conditions de vies des agriculteurs.

Hypocrisies à tous les étages

Sortir du modèle libéral dominant