Thomas Lemahieu L’HUMANITÉ MERCREDI 9 JUIN 2004.
ATTAC veut toute la «vérité sur le traité» L’association altermondialiste dénonce une « tartufferie » du PS et des Verts.
Certains voudraient camoufler l’enjeu essentiel des élections du 13 juin ? Alors ce traité européen, parlons-en ! » Dès le titre du tract qu’elle promet de diffuser dans toute la France vendredi et samedi prochains, la principale association alter-mondialiste française rue dans les brancards. Pour ATTAC, il y a dans cette campagne pour les élections européennes une monumentale « tartufferie ». Les élections ont lieu le 13 juin et cinq jours plus tard, le 18, le Conseil des ministres européens devrait adopter 1e projet de constitution qu’ATTAC préfère opportunément nommer « traité ». Or, à droite comme à gauche, les partisans de ce texte sont bien peu diserts sur le sujet, et ce, alors que, comme le souligne le tract de l’association, « ce traité va régir l’Union européenne pour une longue période, trente à cinquante ans, selon Valéry Giscard d’Estaing qui a présidé à sa rédaction » et que, « s’il est ensuite ratifié, les futurs parlementaires européens auront donc à travailler dans son cadre, déjà connu à 98 % ».
Dans son document, ATTAC passe rapidement sur la droite favorable à la constitution « Et pour cause ! », mais aussi sur les opposants à ce traité en une phrase les englobant tous, sans se donner la peine de mettre en évidence les « motifs » de refus « évidemment très différents ». « Deux partis de l’ex-gauche plurielle, arguant du fait que le texte actuel sera encore modifiable (en cinq jours ?), ne disent mot de leurs intentions finales s’il reste en l’état, souligne ATTAC.
Le mot « traité » n’apparaît même pas dans certains de leurs documents électoraux. Pourquoi cette tartufferie qui dénature le sens du scrutin du 13 juin et contribue ainsi au discrédit du politique ? Ne serait-elle pas due au refus d’aborder de front la question centrale que pose ce texte, en l’occurrence la question libérale ? » Pour le mouvement phare de l’altermondialisation, « puisque le traité nous présente cette « facture libérale » en bloc, nous avons, avec les élections du 13 juin, une première occasion de dire ce que nous en pensons par notre bulletin de vote ».
A ce « manifeste idéologique » qui voudrait consacrer le néolibéralisme comme « doctrine officielle de l’Union européenne », ATTAC oppose un refus radical. Appelant ce faisant, sans le dire explicitement, à voter pour ceux qui veulent L’Europe, oui mais pas celle-là ! Ce que José Bové, autre figure emblématique de l’altermondialisation, a traduit la semaine dernière dans un soutien clair et net en île-de-France « Francis Wurtz a effectué un travail remarquable pour décortiquer le projet de constitution européenne proposé par Giscard d’Estaing et tous les libéraux en Europe. Ce qui nous a permis d’y voir encore plus clair sur les visées désastreuses d’une Europe libérale, Je suis résolument opposé à ce projet de constitution et à cette Europe de la marchandisation, c’est pourquoi- je soutiens Francis Wurtz et la liste qu’il conduit en île-de-France. »